Orientation diagnostique de la constipation

Lorsqu’une constipation est suspectée, la première chose à faire pour confirmer le diagnostic de constipation est de déterminer si il s’agit réellement d’un état de constipation ou juste d’un ralentissement notable du transit intestinal, mais qui n’est pas suffisamment important pour pouvoir parler de constipation.

Le médecin pourra pour cela s’aider de ce que l’on appelle la Bristol Stool Scale, une échelle visuelle qui permet de classifier les selles en sept catégories, selon leur aspect et le temps qu’elles ont passé dans le côlon avant leur expulsion. Les deux premiers types indiquent un état de constipation du patient.

Si la constipation est confirmée, le plus difficile sera alors de déterminer si il s’agit d’une constipation fonctionnelle (bénigne), ou bien d’une constipation organique (qui peut être grave).

Examen clinique de la constipation

Dans un premier temps, un interrogatoire précis (dit « anamnèse »), permettra de mieux tracer l’historique de la constipation, d’en savoir plus sur son apparition et éventuellement de détecter un facteur de risque ayant pu déclencher cette constipation (modifications de ses habitudes alimentaires, trouble psychologique, prise de certains médicaments, …).

Dans le cas d’une constipation passagère et fonctionnelle, le diagnostic se terminera ici, aucun examen complémentaire n’étant généralement nécessaire. Comme nous le verrons dans l’article consacré à la prévention de la constipation, la prescription d’un régime alimentaire adapté et la pratique d’une activité physique plus intense suffira généralement à faire disparaitre la constipation.

Si l’interrogatoire a permis de détecter une constipation iatrogène (liée à la prise de médicaments à effets secondaires constipants), selon la pathologie traitée par ces médicaments, votre médecin pourra essayer d’adapter votre traitement pour atténuer la constipation induite.

Si au contraire une cause organique plus grave est suspectée, divers examens médicaux complémentaires pourront être prescrits, en fonction des symptômes détectés sur le patient. Seul un médecin sera en mesure de diagnostiquer correctement une constipation, n’hésitez donc pas à consulter votre médecin en cas de doute sur une constipation éventuelle.

Analyses et examens médicaux complémentaires

Les analyses et examens médicaux suivants peuvent être prescrits en cas de constipation organique (en fonction des symptômes décrits par le patient) :

Appréciation de l’abdomen

Une inspection et palpation de l’abdomen est généralement pratiquée pour apprécier son aspect, sa tension, …

Inspection de l’anus

Afin de rechercher la présence éventuelle de fissures anales ou d’hémorroïdes, causes de constipation réflexes à la douleur lors de l’évacuation des selles.

Toucher rectal

Le toucher rectal est pratiqué pour détecter une éventuelle tumeur ou sténose rectale. Un toucher vaginal peut éventuellement également être pratiqué en plus chez la femme.

Recherche de sang dans les selles

Analyse pratiquée systématiquement, car la présence de sang peut révéler une cause de la constipation potentiellement grave.

Coloscopie

Elle permet un examen visuel du rectum et du côlon dans son intégralité grâce à l’aide d’une sonde introduite par l’anus.

Le praticien pourra ainsi rechercher une lésion éventuelle, la cause d’un saignement intestinal ou de douleurs abdominales inexpliquées. Cet examen pourra également permettre de détecter la présence de polypes (tumeurs bénignes) ou bien d’un cancer grave (cancer colorectal par exemple).

Radiographie de l’abdomen

Une radiographie de l’abdomen sans préparation (ASP) peut être tout d’abord pratiquée afin de diagnostiquer une constipation. Il s’agit d’un examen assez peu performant, mais qui peut être suffisant pour détecter une constipation.

Cet examen consiste à radiographier l’abdomen sans administrer au préalable de produit de contraste (produit ingéré ou injecté afin d’augmenter le contraste de l’organe à observer et obtenir une meilleure qualité d’image radiographique).

Si cette radiographie sans préparation n’est pas concluante, un lavement baryté peu être pratiqué.

Il s’agit d’un examen radiologique qui permet d’étudier plus précisément le rectum et le côlon, afin d’y détecter d’éventuelles anomalies : tumeurs, polypes, diverticules, lésions, inflammations ou infections. On injecte ici dans le rectum et le côlon du patient du baryte, un produit de contraste opaque aux rayons X qui va permettre d’obtenir des clichés radiographiques de l’abdomen précis.

Mesure du temps de transit

Cet examen permet de déterminer si la constipation est une constipation de transit (ou de progression) ou une constipation terminale (ou d’évacuation) (voir la définition de la constipation).

Cet examen consiste à avaler une vingtaine de marqueurs radio-opaques solides et à suivre leur progression dans le côlon du patient. Les marqueurs sont ingérés le matin avec le petit-déjeuner, puis transitent à travers l’intestin grêle en quelques heures. La suite de leur progression dans le côlon puis le rectum est alors suivie en pratiquant des clichés radiographiques successifs à divers intervalles. Le praticien pourra ainsi détecter si les marqueurs sont correctement éliminés en deux à trois jours (pas de constipation),  si ils stagnent trop longtemps dans le côlon (constipation de transit) ou si ils s’accumulent au niveau du rectum (constipation terminale).

Manométrie anorectale

Si une constipation terminale diagnostiquée, une manométrie anorectale pourra être pratiquée afin de déterminer si il n’y a pas de problème au niveau du tonus du sphincter anal.

Cet examen permet de mesurer la pression du sphincter anal au repos et à la défécation. Il peut servir notamment à diagnostiquer par exemple la maladie de Hirschsprung ou une maladie neurologique, par l’étude du réflexe recto-anal inhibiteur. L’étude de la contraction volontaire et du volume maximum tolérable sont également mesurés lors de cet examen.